Jacques Roubaud pratique le «sonnet walking». Il compose ses poèmes en marchant tout autour de la terre. Ce sont ici des sonnets, mais il faut oublier la forme canonique des quatorze vers distribués en deux quatrains et deux tercets réglés par une combinatoire de rimes. Pour Jacques Roubaud, auteur d'une anthologie Soleil du soleil : le sonnet de Marot à Malherbe (POL, 1990), qui ne devrait constituer qu'une partie d'une entreprise monumentale à venir, le sonnet, qui dérive de la canso des troubadours via Pétrarque, a non seulement engendré de multiples formes mais reste un moment capital de la poésie occidentale. «Dès le début de l'histoire du sonnet, explique-t-il, il a été impossible de le maintenir dans sa forme canonique. Il y a des sonnets italiens qui ont beaucoup plus que 14 vers et cela peut même aller, avec Marino au XVIIe, jusqu'à des sonnets, de l'espèce dite caudato, de cent vers ! Au dix-neuvième siècle Hopkins a fait des "sonnets courts". Presque aucune des règles que l'on peut tenter de donner n'a de validité universelle. A la fin du XIXe siècle, l'affaiblissement des règles de la prosodie classique, de la rime comme du mètre, a constitué un défi pour ceux qui voulaient continuer à utiliser la forme du sonnet. On aurait pu penser qu'il allait disparaître. En fait, il n'en a rien été, il s'en publie aujourd'hui plus qu'en 1960.» Roubaud a passé en coupe réglée les catalogues de bibliothèques, exhumé poètes crottés et anonymes, à la recherche de la manière dont
Critique
Bande de sonnets.
Article réservé aux abonnés
publié le 1er juillet 2004 à 1h17
Dans la même rubrique