L'histoire de ce livre débute par la découverte dans une malle oubliée de 600 lettres, écrites par des étrangères entre 1940 et 1948, à l'adresse de Marie-Louise Puech, responsable de l'Association des Françaises diplômées des universités, créée en 1922 pour promouvoir les études des femmes. Dès décembre 1939, l'AFDU décide, dans le respect de sa mission première et au fi du danger, d'être la marraine de toutes celles, le plus souvent seules, que le nazisme a contraintes à fuir leur pays, que la guerre a bloquées sur le sol français où elles étaient venues étudier, que le régime antisémite de Vichy force à se cacher. De son refuge de Borieblanque, près de Castres, l'infatigable et audacieuse Marie-Louise Puech orchestre les opérations : de l'aide matérielle au sauvetage des protégées, cachées dans des sanatoriums, en passant par le soutien moral. Si ces lettres, avec pour certaines les réponses, sont a posteriori un émouvant hommage à leur destinataire, décédée en 1966, elles dévoilent aussi le surprenant quotidien, dans la France de Vichy, de femmes qui poursuivent, coûte que coûte, leurs études : les notes et brouillons traversent la ligne de démarcation, les manuscrits prennent la route de l'exode, les traquées traquent les livres, les réfugiées trouvent refuge dans les bibliothèques ; l'AFDU conseille, surveille même l'avancée des travaux, les universitaires contournent la loi pour faire soutenir en catimini les thèses. Parce que leurs études sont constitutives de leur i
Critique
Etudiantes sous Vichy.
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par Yannick Ripa
publié le 1er juillet 2004 à 1h17
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