Les ouvrages dévolus aux années sombres ne manquent pas. Mais les synthèses dévolues à la France sous l'Occupation ne sont pas légion, si l'on excepte les livres désormais classiques de Jean-Pierre Azéma et de Philippe Burrin. C'est dire que la somme qu'un universitaire britannique, Julian Jackson, consacre à cette période tombe à point nommé. Au rebours de quelques historiens prompts à ne privilégier qu'un aspect de la question, l'auteur, en effet, embrasse l'ensemble des problèmes, traitant Vichy et gaullisme, Résistance et collaboration, vie quotidienne et événements plus marquants, ce qui conduit à appréhender ces quatre terribles années dans leur unité. Le propos est par ailleurs soutenu par une maîtrise impressionnante de l'historiographie, qu'elle soit hexagonale ou étrangère. Enfin, et peut-être surtout, Julian Jackson au pays du Maréchal ne se départit jamais d'un sens aiguisé de la nuance. Alors que tant d'auteurs anglo-saxons offrent une caricature de l'histoire nationale en plaquant des grilles idéologiques ou partisanes inadaptées, traitant par exemple Vichy comme un pur fascisme, Julian Jackson, bien informé de la complexité française, propose toujours des analyses mesurées qui démontrent une parfaite connaissance des réalités françaises, souvent resituées dans le long terme. Ce parti pris l'incite notamment à examiner le poids de la Première Guerre mondiale ou de la crise républicaine ouverte durant l'entre-deux-guerres pour mieux définir leur pesée sur la Fra
Critique
L'Occupation de Jackson.
Article réservé aux abonnés
par Olivier Wicker
publié le 1er juillet 2004 à 1h17
Dans la même rubrique