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Libération

Le poids de Sophie.

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publié le 1er juillet 2004 à 1h17

Le milieu des américanistes français est en ébullition à cause du Choix de Sophie de William Styron, un roman sorti en 1979 aux Etats-Unis et en 1983 en France. En mettant ce texte au programme de l'agrégation d'anglais, le jury, présidé par Frank Lessay, a déclenché un échange nourri d'e-mails sur le site de l'Association française d'études américaines (AFEA). Ainsi qu'un envoi de lettres au ministère de l'Education demandant le retrait du roman. Sur le site de l'AFEA, les opposants dénoncent un roman médiocre, où le narrateur raconte «avec des artifices grossiers (...) ses années de formation en faisant un très long, très inutile et très racoleur détour par Sophie, sa vie, ses amants et son Auschwitz», un livre qui fait une «utilisation pornographique de l'univers concentrationnaire où les données historiques sont perverties par une banalisation de l'avilissement». Ils dénoncent aussi une bibliographie «outrageusement sélective». Ainsi, dans la rubrique «témoignages», le seul ouvrage mentionné était l'autobiographie de Rudolf Hoess, le commandant du camp d'Auschwitz, dont Styron s'est inspiré pour son roman. Ils signalent aussi l'absence du numéro 23 de la revue Delta, consacré aux écrivains du sud des Etats-Unis, et qui comprend notamment un article critique («Oublier Styron») écrit par André Bleikasten. Interrogé sur cette omission, Patrick Badonnel, auteur de la bibliographie, a répondu qu'il voulait éviter que Styron soit peiné s'il lisait la bibliographie. Le 4 juin