Après l'Anatomie de la mélancolie de Robert Burton et tout récemment Ulysse de Joyce, Bernard Hoepffner s'est attelé à un autre livre culte : Pseudodoxia Epidemica ou Examen de nombreuses idées reçues et de vérités généralement admises de Thomas Browne. Face à l'ouvrage, on saisit vite la difficulté pour le traducteur. Thomas Browne fut l'un des grands érudits de son temps et brasse dans cet essai rien moins que le savoir de l'Antiquité au XVIIe siècle. Il le fait en homme de science doublé du plus incroyable styliste qu'on puisse imaginer. Il reste un écrivain pour happy few. Valery Larbaud parlait même de l'existence «d'une petite secte (secrète) des lecteurs de Thomas Browne». Très lu au XVIIe siècle, Browne, dont on s'épuise inutilement à trouver des équivalents (Montaigne notamment), a eu une influence considérable jusqu'au romantisme. «Aujourd'hui, dit Bernard Hoepffner, il est pratiqué par les écrivains qui s'intéressent à l'écriture. Il suffit de voir l'influence qu'il a eue sur W. G. Sebald, sur Guy Davenport, je ne serais pas non plus étonné que Jim Crace l'ait lu, et je ne parlerai pas des grands Américains, William Gass, Gilbert Sorrentino ou William Gaddis.» Patrick Mauriès, qui préface d'un essai très pertinent Quatre animaux fabuleux, court extrait de Pseudodoxia dans une version du XVIIIe siècle, a croisé le chemin de Browne dans Borges et Mario Praz: «C'est l'un des plus grands prosateurs de la langue anglaise, et cela s'entend même à une oreille étrangère.
Critique
L'affaire Thomas Browne.
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publié le 8 juillet 2004 à 1h23
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