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Libération
Critique

«Tempête dans un Verdi».

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Biographie de Willy, auteur gai et pionnier du roman industriel.
publié le 8 juillet 2004 à 1h23

Un chapeau haut de forme, une moustache en guidon, des yeux qui semblent rire de tout, Henri Gauthier-Villars, alias Willy (1859-1931), fut une célébrité de la Belle Epoque. Ses chroni-ques étaient attendues, ses livres tirés à des milliers d'exemplaires. Il est alors ce que l'on nomme un «homme du jour». L'histoire de la littérature l'a jugé indigne et ne lui concède que d'avoir été le premier époux de Colette, le «père des Claudine». Faut-il sauver Willy ? se demandera plus d'une fois le lecteur de François Caradec.

Fils d'une famille de polytechniciens et d'éditeurs d'ouvrages scientifiques, Willy (prononcer vili) est emblématique de beaucoup d'écrivains partagés entre la tentation de l'art et celle de l'argent. Il débute dans le milieu de l'avant-garde, celui de la revue Lutèce où Verlaine publia ses Poètes maudits et où s'engagèrent décadence et symbolisme. Willy fait partie de la galaxie des Sapeck, Alphonse Allais et Paul Masson, qui dynamitaient les conventions avec rage. Paul Masson, dit Lemice-Terrieux, fut le roi de la mystification, il publia les mémoires apocryphes du Général Boulanger et celles de Bismark, envoyait aux journaux de faux courriers qui faisaient s'esclaffer la France entière et allaient parfois jusqu'à inquiéter les ministères.

Aussi, la vie de Willy a-t-elle surtout l'air de celle d'un «auteur gai», label éditorial sous lequel on publiait la fine fleur de l'humour troisième République. Il a beaucoup donné et très tôt. Critique musical à Art et Crit