Le marathon est une course étrange, sans doute beaucoup trop longue pour nos courtes vies, et qui, parfois, nous conduit sur des pistes intimes où nous ne devrions jamais mettre les pieds. L'histoire de Kokichi Tsuburaya me hante depuis plus de vingt ans. Il y a bien longtemps, saison après saison, Tsuburaya parcourut toutes les terres du Japon dans l'espoir de remporter le marathon des Jeux olympiques de Tokyo en 1964. Malgré tous ses efforts, il ne termina que troisième de cette course, battu d'à peine trois secondes par l'Anglais Heatley. Dès le lendemain de l'épreuve, victime de son code d'honneur, meurtri par son échec et poussé par ses pairs, Tsuburaya reprit son entraînement dans l'espoir de l'emporter lors des prochains Jeux de Mexico. Commencèrent alors quatre nouvelles années de calvaire, de routes, de pluie et de sentiers qui, tous, invariablement, le ramenaient à son point de départ et, surtout, jour après jour, lui vrillaient l'âme et le tréfonds des os. Le 9 janvier 1968, à quelques mois de l'échéance et après avoir sillonné une dernière fois le dos rond de la Terre, Tsuburaya rentra chez lui. Il prit une douche et écrivit un mot à ses parents pour les remercier des sushis et gâteaux qu'ils lui avaient offerts au nouvel an. A la fin de la lettre il leur annonça aussi, avec pudeur, les raisons de son renoncement : «Je suis si fatigué. Je ne veux plus courir .» Kokichi Tsuburaya mit ensuite un peu d'ordre dans la pièce, s'assit en son milieu, et se trancha la car
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