Qu'il n'y ait pas de beauté universelle et que chaque civilisation, pour ne pas dire chaque période historique, se façonne son propre modèle est une idée qui tombe sous le sens. Il n'en a pas été toujours ainsi. En Occident par exemple avant et après Jésus-Christ et jusqu'à l'aube des temps modernes , la beauté (des personnes comme des animaux, des lieux ou des choses) pouvait d'autant plus être magnifiée qu'elle n'appartenait vraiment pas à ce monde, venant plutôt manifester sur terre la grâce divine ou la puissance d'autres essences éternelles. N'appartenant pas en propre aux êtres chez qui elle rayonnait, elle était le reflet ponctuel de leurs qualités morales. Puis, au cours du dernier demi-millénaire, cette beauté miroir du ciel a laissé peu à peu la place à la conception actuelle où elle est promise à tout un chacun, tel un droit inaliénable (tous sexes confondus) de l'homme. C'est ce cheminement que retrace Georges Vigarello dans Histoire de la beauté. Le corps et l'art d'embellir de la Renaissance à nos jours. Professeur à Paris-V et directeur de recherches à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, il est en train, ouvrage après ouvrage, de bâtir une oeuvre bien reconnaissable. Avec lui, l'histoire des mentalités notamment en ce qui concerne le sport, le propre, le sain et le malsain ou le viol éclaircit ce mouvement général d'extériorisation de l'intime qui, à travers la montée en puissance moderne de l'apparaître, a déplacé vers la surface des corps
Critique
Beauté en touches
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publié le 2 septembre 2004 à 1h58
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