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Libération
Critique

Remonter Despentes

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L'auteur de «Baise-moi» vaut mieux que ne le laisse présager sa notoriété.
publié le 2 septembre 2004 à 1h58

On connaît ça, tout le monde qui lit connaît ça : le livre qu'on ouvre avec une défiante réticence, et qui vous tire. On résiste, pourtant, on se fait lourd, poids mort de lecteur déterminé à ne pas se laisser embrouiller. On corne la page, on pose le truc, on s'éloigne et on y revient en bougonnant, deux heures ou deux jours après, parce qu'on est encore en vacances, et flanant. Allez, je te redonne une chance, toi, mais c'est la dernière. Avance, maintenant !

C'est que trop de bruit parasite pollue la lecture de Virginie Despentes et freine son essor. Bruit médiatique, bien sûr, où la «punkette» experte en coups de boule (viser le sommet de l'arête nasale) le dispute à la jeune femme timide, et tendre, et si «fleur bleue», n'est-ce pas... Cette tarte à la crème schizophrène, mijotée dans les cuisines de magazines pour femmes modernes et pas trop féministes, et encore re-fashionnée par la lancinante chansonnette de l'auto-fiction ­ cette littérature à la portée du nombril des caniches ­, dix ans qu'on se la mange... Dix ans déjà, depuis Baise-moi et son succès de scandale à retardement, phagocyté et recyclé par ses détracteurs mêmes.

Suffisamment de raisons pour se méfier de Bye bye Blondie, sixième opus despentien dont on sera fondé, en découvrant son héroïne, à se demander s'il est l'expression d'une panne ou d'un procédé. Passer là-dessus. Tapie sous les dialogues irritants («Arrête de plisser le front, ça te va super trop pas») du djeunisme tel qu'il se parle sur les trot