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Libération

Spiegelman. Tours operator

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publié le 2 septembre 2004 à 1h58

Art Spiegelman est sans doute l’homme qui, mieux que personne, lie l’histoire, son histoire personnelle et la bande dessinée. Né en 1948, l’Américain a obtenu une célébrité mondiale avec Maus (Flammarion) où il racontait le génocide juif à travers l’histoire de son père durant la Seconde Guerre mondiale et qui fit de lui le seul auteur de BD jamais récompensé par un prix Pulitzer. Il est aussi, avec sa femme Françoise Mouly, le cofondateur de la revue de BD pour «damned intellectual» Raw. Quand on l’a rencontré à la sortie en français du second volume de Maus, il déclara : «Finir Maus m’a laissé des sentiments ambivalents, c’est à la fois un grand soulagement et une grande terreur.» Il raconte en tête d’A l’ombre des tours mortes avoir «passé une bonne partie de la dernière décennie à essayer de ne pas faire de bande dessinée». Il y a eu le 11 septembre et il s’y est remis, avec énormément de difficulté.

Ce nouvel album se compose de quelques textes non illustrés, de dix doubles planches extrêmement élaborées où il raconte sa panique post-11 septembre à lui («Un rien me déstabilise. Une petite anicroche ­ tuyau bouché ou retard à un rendez-vous ­, et je panique comme si le ciel me tombait sur la tête. Trait de caractère qui peut laisser assez mal équipé quand il vous tombe vraiment dessus...», écrit-il en tête de l'album), et de reprises de vieilles planches de BD, tel Little Nemo, lui semblant avoir un lien, qu'il explique, avec les Twin Towers. «Après le 11 septembre, on a