Des dictionnaires à tous les étages, dans le bureau du premier, dans les chambres au second, sans parler de l'imposante haie d'honneur de l'escalier et de ceux qui reposent au grenier. Depuis le premier, le Furetière de 1690 acheté à 25 ans, Jean Pruvost a accumulé entre 5 000 et 10 000 volumes. Littré de Beaujean, Trésor de la langue française tant ancienne que moderne, Encylopédie populaire, Larousse élémentaire illustré, tous chinés dans les brocantes. Tous, de son point de vue, «ont un charme fou». Pure passion des mots. Dans son laboratoire de l'université de Cergy-Pontoise, ce lexicographe les regarde entrer, sortir, prendre une lettre, se faire rallonger la définition ou retirer une illustration. Pour Larousse, il a retracé la vie d'un de ses dictionnaires préférés, le Petit Larousse illustré, qui fête son centenaire. Entretien.
Comment est né le Petit Larousse ?
En 1848, Pierre Larousse écrit une grammaire, la Lexicographie des écoles. La plupart des régions françaises parlent encore le patois, et c'est à l'école qu'on apprend le français. Pierre Larousse était un instituteur moderniste qui n'hésitait pas à affirmer ses opinions. Grâce à un descendant qui prépare un travail de recherche, j'ai découvert notamment dans des lettres qu'il aurait bien confié l'article «Dieu» à Proudhon, et qu'il était très anti-Napoléon III. En 1856, il publie un dictionnaire de langue, le Nouveau Dictionnaire de la langue française, l'ancêtre du Petit Larousse. En 1863, il rajoute les noms