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Libération
Critique

Un tigre dans son auteur

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Un grand fauve est caché dans les pensées du père, du fils et dans la tension de la phrase du Thaïlandais Saneh Sangsuk.
publié le 16 septembre 2004 à 2h09

Saneh Sangsuk est né en Thaïlande en 1957. A l'époque, il restait encore beaucoup de tigres dans la jungle. Aujourd'hui, ils sont devenus très rares et bientôt ce sera fini : les derniers tigres thaïlandais vivront au zoo, comme tout le monde. Mais, en tout cas vu de France, on aime le croire : dans l'imaginaire thaïlandais, le tigre reste un personnage vivant et proche.

Saneh Sangsuk est l'auteur de l'Ombre blanche (le Seuil, 2001), une trilogie dont il n'a publié que la seconde partie «en cannibalisant la première», raconte Marcel Barang, son traducteur, qui a lu l'intégralité du manuscrit. En 2001, il a aussi publié Venin (Seuil), une nouvelle également tirée de ce premier manuscrit. Dans l'Ombre blanche, sous-titré «Portrait de l'artiste en jeune vaurien», le narrateur disait : «Les invités à dîner idéals pour moi, c'est Satan, Nietzsche, Beethoven, Rimbaud, Lawrence d'Arabie, Camus, Pascal, Eschyle, entre autres.» Voilà qui donne une assez bonne idée de cette chronique noire, lyrique et provocante, qui a été violemment détestée en Thaïlande. Le héros d'Une histoire..., on le comprend vite, n'a pas grand-chose à voir avec celui de l'Ombre blanche, même si tous deux ont en commun de fréquenter le village de Prek Nâm Deng, qui ressemble beaucoup au Phetchaburi où Saneh Sangsuk a passé son enfance. En revanche, on retrouve dans Une histoire vieille comme la pluie une prose lyrique (et magnifiquement traduite), incroyablement prenante, qui coule comme fleuve pendant la mousso