Même si le temps et la géographie varient, les romans pour adolescents de Paula Fox ont, entre eux, un certain lien de parenté. Des héros : fille ou garçon entre 11 et 13 ans, libres de leurs sentiments et de leurs pensées. Des adultes qui échappent à l'ordre (artistes, voyageurs, handicapés ou inadaptés sociaux) et qui sont des vecteurs de liberté. D'autres plus périphériques (voisins, tantes ou instituts sociaux) qui incarnent la convention, et par conséquent la moralité. Il y a aussi des séparations, des ruptures, des brisures, des obstructions, la maladie, souvent, la naissance ou la mort, chaque fois. Ces repères balisent les récits qui n'essaient pas de se dérober. Nous ne sommes pas dans le registre de la magie, où l'obstacle ne surgit que pour être détourné, mais au coeur de la vie, où ça peut cogner fort, où ça ne laisse pas beaucoup de répit.
Ainsi les héros sont-ils tenus de s'adapter. Ils n'échappent pas plus au voyage forcé sur une île perdue qu'à la disparition du père (qu'il aille refaire sa vie ou qu'il meure du sida), ou à la rue, l'un des héros y est abandonné. Ils n'évitent pas l'inéluctable, ils s'y construisent proportionnellement au degré d'adversité rencontrée.
Les faits sont là, jamais récupérés, souvent irrécupérables. Mais, comme chez Dickens, parfois cité, on fait avec, on n'en fait pas des montagnes, ni même un roman. Celui-ci ne suit pas les aléas, mais reste au plus près de ce que ressent l'enfant, il évolue dans son espace privé, mais sans leçon