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Libération
Critique

McIntosh, le grand ordonnateur

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Il y a de l'espoir, même au fond du puits («Well»). Premier roman d'un jeune Américain qui sait faire parler les vieux.
publié le 23 septembre 2004 à 2h15

Well est le dernier livre à avoir fait chanter le coeur de Hubert Selby Jr., peu avant sa mort. On sait donc déjà que ça va être aussi gai qu'un coup de crayon mine dans l'oeil; mais pas nécessairement triste. Même si Matthew McIntosh a la louable intransigeance de son jeune âge, on aurait tort de lui reprocher les étrangetés typographiques et la structure aussi mystérieuse que déroutante dans laquelle il encastre ses échardes de quotidien. Au bout du compte, le livre refermé depuis longtemps, ses personnages vous suivent comme une migraine.

Matthew McIntosh ressemble au Leos Carax des débuts, aphasie en moins. Comme lui, il semble fonctionner en autarcie, et y trouver sa force. Son idée de la littérature est de passer cinq ans sur le bouquin, polir et repolir la structure qui lui est venue toute seule avant qu'il puisse lui donner un sens, puis de contacter quelques agents en leur disant que ça serait comme ça et pas autrement, la couverture (de sa compagne Erin), la typo, les chapitres et les chevilles. La littérature pour McIntosch n'est ni une affaire de collaboration, ni de marketing. Ce qui explique qu'il n'a pas envie de parler du petit séjour supplicié qu'il a fait en séminaire d'écriture quelque part dans le Midwest (on sait où, mais il nous prie de ne pas faire de publicité à ces enflures plus préoccupées de book deals qu'autre chose). Sur neuf contactés, un seul agent a répondu (mais c'est Susan Golam, l'agent de divas comme Franzen). Et, de tous les éditeurs à qui