Petite fille, Chimamanda Ngozi Adichie a lu tout Enid Blyton, c'était une fan absolue du Club des 5. Dans les histoires qu'elle écrivait, dès l'âge de six ans, raconte-t-elle, tous les personnages avaient donc la peau blanche et les yeux bleus, ils mangeaient des pommes et avaient froid en hiver. Ce n'est qu'à partir de 10 ans, après avoir découvert les romans de son compatriote Chinua Achebe, qu'elle a commencé à écrire des histoires dont les personnages étaient africains et qui se passaient au Nigeria. Dans l'Hibiscus pourpre, les personnages sont noirs et nigérians, sauf le père Benedict qui est anglais et n'a pas la peau blanche mais rouge à cause du soleil et qui, au bout de sept ans, est toujours incapable de prononcer correctement les prénoms locaux. Née dans un pays où le fanatisme religieux est équitablement partagé entre musulmans, catholiques et protestants, la romancière de 27 ans a situé son premier livre dans la communauté qu'elle connaît le mieux, parce qu'elle y a grandi, celle des catholiques de langue igbo. Avec ce roman, elle s'inscrit, avec Cris Abani et Helon Habila, dans cette nouvelle génération d'écrivains nigérians qui prennent la relève de Wole Soyinka et Chinua Achebe.
Le mercredi des Cendres, «Papa, vêtu d'une longue robe grise, comme les autres oblats, aidait (...) à distribuer les cendres. Sa file était la plus lente car il appuyait» particulièrement fort son pouce sur chaque front «pour tracer une croix parfaite» et prononcer : «Tu es poussière