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Critique

Phénix Fox

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L'Américaine Paula Fox vient de découvrir qu'elle est un écrivain classique et la grand-mère de Courtney Love.
publié le 23 septembre 2004 à 2h14
(mis à jour le 23 septembre 2004 à 2h14)

La vie est un roman. Mais de qui ? La vie de Paula Fox n'est pas un roman de Paula Fox. Paula Fox écrit des romans modernes, où l'inconscient des personnages se joue d'eux. Prenons le Dieu des cauchemars, l'un des deux titres par quoi Joëlle Losfeld entame la publication en France de tous les livres (pour adultes) de l'Américaine. Le Dieu des cauchemars, paru en 1990, est l'histoire d'une jeune fille qui échappe à sa mère en tombant amoureuse, à La Nouvelle-Orléans, d'un groupe de gens pleins de tact, de générosité et de talent. La mère est une femme insupportable, dont la devise, faire contre mauvaise fortune bon coeur, est vécue par la fille comme un «optimisme inopportun». Quand la jeune héroïne pense à sa propre existence, c'est plutôt «eau et biscuits de mer», tais-toi et nage. Puis elle devient une adulte apaisée, encline à croire que tout finit par s'arranger. Un quart de siècle plus tard, sans qu'elle ni le lecteur ne se soient aperçus de rien, ça lui revient dans la figure comme un fantôme ligoté à un boomerang.

La vie de Paula Fox, née en 1923, n'est pas exempte de fantômes, mais ils se manifestent avec une théâtralité digne d'un roman d'autrefois. L'auteur du Dieu des cauchemars, ce dieu qu'on prie pour cauchemarder en dormant plutôt qu'en plein jour, est une enfant perdue tout le temps retrouvée. Ce n'est pas seulement sa vie. Sa carrière d'écrivain, c'est pareil. Le deuxième titre de Joëlle Losfeld, Personnages désespérés (paru en 1970), a déjà été traduit en Fra