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Libération

Bande de sons

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publié le 30 septembre 2004 à 2h21

La semaine dernière, à la radio, une émission scientifique donnait à entendre le son du lapin qui rêve. Car parfois le lapin rêve. Peut-être visite-t-il le pays des carottes géantes, sans doute y rencontre-t-il quelque lapine sexy. Tout en rêvant, le lapin fait «hon hon hmm hmm», exactement comme la personne qui partage votre lit, mais en beaucoup moins fort. Il a fallu placer un micro ultrasensible près de l'animal pour enregistrer la bande originale de ses songes. Les livres de l'automne sont d'autres lapins qui rêvent. S'en échappent le bruit de portes qui claquent, les pleurs des amants abandonnés et la musique équanime des CD. Le son littéraire est un art qui se perd (de vieux barbons persistent à écouter le vent dans la forêt chez Bernanos et l'appel des marchands ambulants chez Proust). Aujourd'hui, les livres nous crient aux oreilles, ils soignent plus l'image que le son. Si bien qu'on préfère écouter parler leurs auteurs. Les occasions ne manquent pas : les écrivains causent à la télé, à la radio, dans les librairies et, parfois, dans des lieux plus improbables. Ainsi, lundi soir, Virginie Despentes était censée s'exprimer à l'Ile enchantée, un rade du boulevard de la Villette connu pour ses «before», qui passent pour les plus «tendance» du moment. 70 personnes au bar, à peu près le double dans la salle, tout le monde beuglant.C'est une assemblée de 25-35 ans, dans une mouvance culturelle Technikart. Au milieu, Despentes tente de répondre aux questions d'intervieweu