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Critique

Flagrant Dahlia

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Steve Hodel accuse-t-il à raison son père du meurtre de celle qui inspira à Ellroy son «Dahlia noir» ?
publié le 30 septembre 2004 à 2h21

«J'étais celui qui pose les questions. Il fut celui qui y répondit. J'étais le sceptique. Il fut celui qui prouva.» Les mots sont de James Ellroy, en avant-propos. Lui qui a signé en 1987 un Dahlia noir empreint d'une douleur si personnelle qu'on en perdrait de vue que la femme qu'il évoquait là était une inconnue, et non sa mère, Geneva Hilliker Ellroy, assassinée à Los Angeles le 22 juin 1958.

Le Dahlia noir, c'était Elizabeth Short, découverte le15 janvier 1947 au matin, nue, coupée en deux, dans un terrain vague d'un quartier résidentiel de Los Angeles. Le médecin légiste conclut à une mort par «hémorragie et choc dû à une commotion cérébrale et à des lacérations au visage» et, surtout, relève que«le tueur devait avoir de bonnes connaissances en chirurgie». Si ces détails sont portés à la connaissance du public, d'autres restent secrets, le rapport du Dr Newbarr décrivant une avalanche de tortures ante mortem, avant hystérectomie et exsanguination. Et puis, la bouche a été «ouverte jusqu'aux oreilles en un sanglant sourire». Mais déjà, dès le 16 janvier 1947, l'inconnue découpée fait la une des journaux. Et l'identification décuple l'emballement médiatique : «Betty» Short, 22 ans, beauté au regard bleu et voilé comme celui des myopes, à la chevelure de jais bombée autour d'un visage blanc comme neige, était une aspirante actrice originaire d'un bled du Massachusetts qui vivotait à LA, rêveuse que le mirage hollywoodien avait fini par larguer dans des herbes folles. Et el