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Critique

Walcott de A à Zouk

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Il n'a jamais eu qu'un seul sujet, Sainte-Lucie. Rencontre à Paris avec l'Antillais anglographe prix Nobel 1992, peintre, poète et dramaturge.
publié le 7 octobre 2004 à 2h28

Derek Walcott est poète, dramaturge, peintre et prix Nobel de littérature 1992. Il était à Paris la semaine dernière pour la sortie en France de deux livres, un long poème, le Chien de Tiepolo, et un recueil d'essais sur le théâtre, la poésie et la culture caraïbe, Café Martinique. Lors d'une lecture à la librairie Village Voice, après l'avoir entendu expliquer que la culture caraïbe était «à l'image du zouk : un peu de calypso, de polka, et d'autres choses», le public a pu avoir un échantillon de son célèbre humour vachard, quand on lui a demandé ce qu'il pensait de la poésie américaine contemporaine. «On a toujours l'impression que le sujet c'est : "something kind of hurt me" (quelque chose m'a fait mal)», a-t-il répondu. Le lendemain, lors d'un entretien, il précisait : «C'est une citation du poète James Tate, très juste. Parmi les poètes de mon atelier d'écriture à Boston University, il y en a toujours qui se pensent et qui écrivent comme des victimes, avec en plus un côté psychiatrique : chaque poème a l'air d'une étude de cas.»

Derek Walcott est le deuxième poète antillais (après Saint-John Perse en 1960) couronné par le Nobel. Il est né à Sainte-Lucie en 1930, d'un père anglo-néerlandais et d'une mère antillaise. Sa langue maternelle est l'anglais, mais il parle aussi le patois, un créole français. Il a vécu à Trinidad où il a créé une troupe de théâtre pour laquelle il a écrit et monté des pièces, ce qu'il continue à faire, à Sainte-Lucie, et parfois à Londres et aux