Le capitalisme est-il soluble dans les contes de fées ? C'est la question que se posent aujourd'hui les animateurs d Arléa, la maison d'édition de la rue de l'Odéon, sauvée de la faillite par LVMH, qui l'a rachetée le 7 octobre.
Au commencement était une librairie (aujourd'hui disparue), appelée Les Fruits du Congo, que Claude Pinganaud et Catherine Guilebaud reprennent en 1983. Le dessin de sa devanture inspirera la «signature» graphique de la société d'édition qu'ils lancent en 1986 : «Arléa, par contraction du nom de mes deux filles, Ariane et Léa», explique Catherine Guillebaud. Dix-huit ans après, Arléa est forte d'un catalogue de 750 titres : traductions de textes antiques (Apprendre à vivre, un choix des lettres de Sénèque à Lucilius, 8 800 exemplaires), des mémoires, des premiers romans (Christophe Bataille, Maxence Fermine, Jean-François Merle...). Mais la petite maison, créée dans le giron du Seuil (qui la diffuse et prend, dans les années quatre-vingt-dix, une participation de 20 % à son capital), reste fragile. Deux procès, sur des questions de droits contractuels, lui coûtent, au tournant des années 2000, quelque 80 000 euros de pertes, alors que son capital se limite à 75 000 euros.En 2003, Arléa se retrouve au bord du gouffre.
«Nous avons d'abord compté que le Seuil nous reprendrait, comme Verticales, mais ça tombait mal», constate Catherine Guillebaud. Le Seuil, racheté par La Martinière, est en proie à la crise qui se soldera par le départ de Claude Cherki, et