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Libération
Interview

Castel-Bloom en plein boum

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Entre attentats, froid polaire et grippe saoudienne, la vie n'est pas rose au pays où coulent le lait et le miel. Rencontre avec une Israélienne sous Intifada.
publié le 14 octobre 2004 à 2h34

Peu après le début du livre, Adir se surprend à «regretter que sa soeur soit morte de la grippe saoudienne et non des suites d'un attentat. On ne pouvait rien écrire de dramatique sur le faire-part, comme "Dieu la vengera"». Il tient néanmoins à ce que la semaine de deuil se passe dans les règles, il faut de la cuisine traditionnelle. «De la cuisine juive insipide, tu te souviens ?, demande-t-il à Iris. Insipide dans le sens de popote. Quelque chose de chaud, de maternel. ­ Soupe, schnitzels et purée ?»

Peut-on dire que l'histoire se passe en Israël, ou est-ce seulement un pays qui ressemble à Israël ? En tout cas, c'est l'hiver et rien ne va plus, même la mer Morte est désertée depuis «l'assassinat d'un touriste finlandais atteint de psoriasis et victime de francs-tireurs embusqués». En plus d'une crise économique sans précédent, il y a une succession ininterrompue d'attentats, le fil rouge du roman, c'est cette image surréaliste à force d'hyperréalisme du président Tekoa dans sa voiture, éternellement en transit entre un cimetière et un hôpital. Il y a aussi ce froid polaire qui a envahi la région : la mer gèle à Eilat, l'Egypte s'est déclarée zone sinistrée, mais pas la Palestine, «le président de l'Autorité palestinienne s'abstenait de déclarer les territoires zone sinistrée, à cause de leur statut politique indéterminé». Et il y a cette mystérieuse grippe saoudienne, qui envoie la moitié de la population à l'hôpital, comme une nouvelle plaie d'Egypte.

Orly Castel-Bloom, 4