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Libération
Critique

Hélène Cixous, tours et détours.

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Hélène Cixous n'obéit pas à l'ordre du temps. Ses textes apparaissent dans le désordre accepté. Rencontre au pied de ses «Tours promises».
publié le 14 octobre 2004 à 2h33

Tours promises n'est pas le nouveau livre d'Hélène Cixous. Ou alors il faudra penser «nouveau» comme dans «nouveau monde», terra incognita récemment découverte, qui était déjà là de toute éternité mais qui vient enfin sur la carte, qui s'inscrit sur la page. Elle dirait probablement plutôt : livre de la préhistoire, de l'origine. Voilà : Tours promises est une partie de son oeuvre rencontrée par Hélène Cixous en 2004. Elle est embarquée, naviguant dans l'archipel de ses textes passés, présents et à venir, et, un jour, elle aborde une île dont elle ignorait l'existence et le visage. Et, d'ailleurs, si l'on essaie de lui faire raconter son parcours, son évolution dans l'écriture, de faire de l'histoire littéraire, elle s'étonne, sourit, se fait tout effilée, sans âge. Ou alors très jeune, affûtée, une étincelle narquoise au fond de l'oeil. Il n'y a pas de chronologie, dit-elle, ses livres auraient pu sourdre dans n'importe quel ordre, «je n'ai jamais de souci sur ce que je vais écrire, c'est comme si ça venait de partout». Une source ne coule pas directement en bouteilles, pourquoi en irait-il autrement de l'écriture ?

Mais si l'on veut, on peut demander à quelqu'un d'autre de raconter sa vie, à ses chercheurs, à ceux qui font des thèses sur Hélène Cixous, à un dictionnaire, suggère-t-elle, ce sera aussi bien. Alors, allons-y, ouvrons les livres des autres. Hélène Cixous est née en 1937 à Oran, en Algérie française. Son père, médecin, meurt quand elle n'a que dix ans. Sa mère,