La place que la France, depuis l'affaire Dreyfus, assigne aux intellectuels, comme le traumatisme encore à vif des années sombres, invitent à revisiter les liens complexes que nouèrent les élites de l'esprit et l'occupant nazi entre 1940 et 1945. L'ouvrage dirigé par Albrecht Betz et Stefan Martens reprend les actes d'un atelier tenu sous les auspices de l'Institut historique allemand de Paris, en 2002. Premier apport, il replace la question épineuse de la défaite dans une chronologie, en rappelant le précédent de 1870 et l'attitude alors observée par les écrivains Flaubert, Goncourt et Zola principalement. Les recherches, second apport, accordent une large place à l'étranger. Quelques textes portant sur la France sont écrits par des universitaires allemands.
Si les convictions de Céline étaient connues, l'accueil qui lui fut réservé par le Reich ne l'était pas toujours, et l'on constate avec étonnement que les autorités nazies furent, avant comme pendant la guerre, pour le moins réservées à l'égard d'un auteur jugé obscène. On verra également qu'André François-Poncet, ancien ambassadeur à Berlin et représentant de la droite modérée, manifesta, de 1940 à 1944, une grande fidélité au maréchal Pétain au point d'estimer, jusqu'en 1942, que le régime de Vichy offrait l'espoir d'une régénération du pays. D'autres articles, bienvenus, évoquent la situation de l'édition et des ondes françaises, décrivent les milieux de la collaboration littéraire ou rappellent le rôle des exilés q