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Libération

Le tablier d'Hantaï

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publié le 14 octobre 2004 à 2h33

L'oeuvre de Cixous se joue des limites et des définitions. C'était déjà l'esprit dans lequel elle avait agencé Paris-VIII, université moins pluridisciplinaire qu'indisciplinée, où les enseignants se devaient d'être aux confluents de la littérature, de la philosophie et de la psychanalyse. Ses travaux esthétiques sont de même : moins des essais sur qu'avec des plasticiens ou des musiciens. Par exemple des proses et poèmes en français et en anglais pour «annoter» les oeuvres de l'artiste Roni Horn (1). Ou le Tablier de Simon Hantaï, à paraître en décembre chez Galilée, livre de philosophie poétique qui mène à un objet étonnant, un tablier de coton indigo que porte la mère du peintre sur une photographie bientôt centenaire. Or, il se trouve que Simon Hantaï possède encore ce tablier, intact, miraculeux, plus neuf que neuf. Cixous explore du coup le pli comme origine, palimpseste, retrouve dans la trame de l'étoffe la trace de la main sur la toile, le tissage de la lettre, revient à l'aubépine de Proust et à la mer en passant par l'Ecriture rose, toile d'Hantaï exposée à Beaubourg. Comme dans Tours promises, il est question du buisson ardent, figure de l'impossible partage entre dedans et dehors. On retrouve aussi la fascinante question du reste, de la part maudite (pas dite) car Hantaï est entré depuis plusieurs années dans un processus de mise en pièces de ses peintures. Ainsi le frontispice qui orne le Rêve je te dis d'Hélène Cixous (2003) et l'étude Genèses, généalogies, gen