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Libération

Oncle Slam.

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publié le 14 octobre 2004 à 2h34

Le titre est engageant : le Temps des cirrhoses. L'oeuvre commence ainsi : «T'es pété, t'es piteux, t'es pâteux, t'en pâtis/tant pis, t'as ta pinte et tes potes/t'es tout éméché, tout avachi/tout amoché.» Le texte, signé Reno Simo, ressortit à un genre athlético-littéraire connu sous le nom de slam. L'exercice se pratique sur scène, «à mi-chemin entre harangue et expression corporelle». C'est du rap sans musique, et même un peu plus. Assez récent en France (Libération du 1er octobre), le slam est ce week-end l'invité surprise de l'opération «Lire en fête».

La fête nationale du livre, dont le caractère festif est resté très discret jusqu'à présent, pourrait beaucoup y gagner. Une des lois du slam, qui en possède peu, est en effet cette équation du douzième degré : «Un poème lu = un verre offert». La nuit du slam organisée à la gare de l'Est (de minuit à cinq heures, entre vendredi et samedi) devrait être le zénith de l'édition 2004 de «Lire en fête». Le flyer annonçant l'événement se conclut par ces mots : «Venez nombreux et... restez vivants !» Rappelons que les quais de la gare de l'Est, anciennement gare de Strasbourg, accueillaient Rimbaud quand celui-ci débarquait de sa ville natale de Charleville-Mézières.

Nous pressentons, sans pouvoir en exhiber de preuves formelles, qu'un Victor Hugo ressuscité serait assez bon au slam. Cependant, il lui faudrait remanier quelque peu ses textes. Car, aujourd'hui, la poésie des rues et des bars fait péter les mots en abordant frontaleme