Décembre 1825, Paris : «Le printemps vient, l'année s'achève, et nous surmonterons le temps et les peines de cette vie.» Vingt ans après, revoilà Chateaubriand. Dans ses lettres, au quotidien. Plus stylé que jamais dans la mise en scène de sa solitude, ses effets de plainte contenue, les emphases de sa délectation morose. Fervaques, novembre 1825 : «Mais que faire dans un vieux château où le vent souffle de toutes parts et où un ruisseau qu'on appelle une rivière est débordé et a noyé cette nuit même trois poulets. On rabâche nécessairement de ses amis, on voit des malheurs partout.» Ses lamentations et son fatalisme léonin colorent la plupart des 525 lettres aujourd'hui publiées. Il exaspère, comme toujours ; mais il séduit plus encore, sans doute même parce qu'il exaspère.
Vingt ans après, ou presque : le précédent tome publié de sa correspondance générale, le tome V, date de 1986. Il s'achevait le 31 décembre 1822 : âgé de 54 ans, le vicomte venait de quitter son ambassade à Londres pour devenir ministre des Affaires étrangères de Louis XVIII. Le tome VII, aujourd'hui publié, débute par une lettre du 6 juin 1824. Chateaubriand y accuse réception de sa destitution auprès du Premier ministre du roi, Joseph Villèle. Le livre s'achève au renvoi de celui-ci.
Première question : qu'est devenu le tome VI ? Celui qui correspond aux deux années où Chateaubriand est ministre ? Réponse : longtemps, Pierre Riberette, maître d'oeuvre des cinq premiers tomes, a hésité sur sa composition.