Ecrivains américains ou canadiens, ils sont venus parler d'une «autre Amérique» pendant trois jours, à la Cité du livre d'Aix-en-Provence (1). Mais c'est surtout l'Amérique qu'ils combattent qu'ils évoquent. Invité d'honneur, Russell Banks, 64 ans, décrit un «inexorable glissement vers une ploutocratie fascisante» et prévient : «Si Bush est réélu, il aura volé la république, et je n'en verrai pas la restauration de mon vivant. Eh oui ! Des républiques meurent, on n'est pas invulnérables du simple fait qu'on est la plus vieille du monde.» Patti Smith, 57 ans, venue donner jeudi un beau concert (et attendue jeudi 21 au Zénith de Paris), lui fait écho : «J'ai vécu des temps difficiles, mais c'est pire. Dans les années 60, avec le Vietnam, il y avait une expression artistique et des millions d'Américains manifestaient. Aujourd'hui, nous n'avons ni voix culturelle, ni contestation populaire. La confusion règne.»
Pour la chanteuse, «Bush a confisqué le 11 septembre. Il a fait croire que l'Amérique a un ennemi précis : les gens pensent vraiment que Saddam a attaqué le WTC... C'est dur d'être un(e) Américain(e) intelligent(e) aujourd'hui.» Elle ajoute : «J'ai vu les tours tomber, ça n'a pas fait changer ma façon de voir l'humanité. On doit se rappeler le 11 septembre, mais surtout le 10. Comment on était avant, quand on n'aurait jamais autorisé un Président à mener une guerre préventive.»
«Censure». Avant, les voix dissidentes parvenaient à s'exprimer. Mais aujourd'hu