Anne-Lise Stern a quatre-vingt-trois ans, est psychanalyste, et, comme juive a été déportée, il y a soixante ans, à Auschwitz, d'où elle est revenue, via Raguhn et Theresienstadt au début de juin 1945. Elle était allemande, et n'était juive qu'au regard d'autrui, suivant le mot de Sartre. Elle avait commencé sa médecine en France et même changé de «langue maternelle» ; elle est devenue française et affronte chaque jour son passé.
Avant de lire ces textes fascinants (et ce mot n'est pas un anglicisme pour passionnants, même s'ils le sont aussi), lisez pour vous mettre en condition la belle introduction mieux qu'une préface de Nadine Fresco (historienne) et Martine Leibovici (philosophe). L'une a été la biographe de Rassinier, l'autre est l'auteur d'un livre sur Hannah Arendt. On est entre l'Allemagne hitlérienne et la France, et le récit est analyse.
A Mannheim, en Allemagne, le père d'Anne-Lise était un psychiatre, conseiller municipal socialiste. Après une première arrestation, il a l'intelligence, au sortir de la prison, de fuir en France avec sa femme Käthe et sa fille dont le prénom était alors allemand : Anneliese.
Le nom d'Anne-Lise Stern m'est familier depuis 1969. Elle avait adressé une réponse cinglante et sanglante à deux psychanalystes qui, sous le pseudonyme d'André Stéphane, avaient publié un Univers contestationnaire qui se voulait un dévoilement de mai 1968.
Elle évoque le SS qui disait à une juive qui transmettait cette évidence : «La guerre est finie» : «Com