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Libération

Vollmann droit aux putes

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publié le 21 octobre 2004 à 2h39

A la fin du «Sermon funèbre pour une mouche» qui ouvre son roman et ne prend qu'une page (sur les 940 du livre), William T. Vollmann place comme en épigraphe une citation de Sade de 1797: «Soyons sérieux et reconnaissons que c'est la multitude des lois qui est la cause de cette multitude de crimes.» Il y a trois semaines on s'intéressait dans cette chronique à A la recherche du voile noir, de Rick Moody, où l'écrivain souhaitait déterminer «en quoi consistent nos crimes». Si chacun choisit son angle, le sujet semble hanter la littérature américaine d'aujourd'hui (Rick Moody est né en 1962, William T. Vollmann en 1959). La force de la Famille royale tient dans la capacité narrative de l'auteur, qui a un indéniable don pour multiplier les personnages et les récits plus que la morale qui s'y attachent.

Cette Famille royale ne vient pas d'Angleterre. Il s'agit pour Tyler, le héros, un privé, de trouver pour un client «la reine des putes» de Mission et Tenderloin, quartiers chauds de San Francisco. Sa famille est constituée des filles et de l'homme qui gravitent autour d'elle et auquel viendra rapidement s'adjoindre Tyler, qui travaille alors pour son propre compte, Brady n'ayant plus besoin de ses services. William T. Vollmann raconte un monde underground où les talents qu'on réclame aux humains ne sont pas les mêmes que dans l'univers bien-pensant. Voici par exemple comme «la pute folle» parle de Brady à Tyler : «Il me rappelle ce type qui s'est fait descendre parce qu'il arrêta