Menu
Libération
Interview

La famille dans les choux

Article réservé aux abonnés
La prohibition de l'inceste n'est pas aussi absolue que Claude Lévi-Strauss et Françoise Héritier l'ont dit. Entretien avec Maurice Godelier.
publié le 28 octobre 2004 à 2h45
(mis à jour le 28 octobre 2004 à 2h45)

Comment l'anthropologie se porte-t-elle ? Assez bien et, paradoxalement, grâce à Ben Laden et à l'enlisement américain en Irak et en Afghanistan. On croyait qu'elles n'existaient plus et même qu'elles étaient une invention de l'Occident colonisateur et voilà qu'on ne parle que de tribus, d'ethnies, de religions, du wahhabisme, un courant fondamentaliste de l'islam apparu au XVIIIe siècle. Bref, partout la diversité et la complexité des sociétés, de leur histoire, interviennent dans l'évolution de notre monde globalisé sous domination désormais provisoire de l'Occident. Les sciences dures et les technologies de pointe, ça sert à gagner la guerre, mais pas à négocier la paix. Les sciences «molles», elles, peuvent y contribuer directement. L'anthropologie, avec sa pratique de terrain, a de beaux jours devant elle et pas seulement pour comprendre les modes de vie et de pensée des ethnies, tribus ou autres, mais pour interroger notre mode de vie à nous, ceci à condition qu'elle garde sa vigilance critique contre tout ethnocentrisme, développe ses méthodes, travaille avec les historiens et les autres spécialistes des sciences sociales et ne se paralyse pas elle-même en débats stériles au nom du «postmodernisme».

Pourquoi, thèse surprenante pour un anthropologue, la famille et la parenté ne sont-elles pas le fondement de la société ?

Pour une raison générale d'abord. L'idée que certains rapports sociaux, les rapports de parenté ou de production, constitueraient le fo