Que l'on prenne la parenté et la famille du côté de l'alliance, suivant Lévi-Strauss et son école, ou qu'on mette l'accent sur la filiation et la transmission, comme y invitent Jack Goody et bien d'autres, partout un homme et une femme ne suffisent pas, seuls, à faire un enfant, de même que nulle part la parenté ne constitue le fondement de la société : c'est elle, au contraire, qui, préexistant à l'une et à l'autre, les encadre et les détermine. Ces enjeux théoriques primordiaux sous-tendent toute l'anthropologie de Maurice Godelier, et les Métamorphoses de la parenté en sont pleines à déborder. Ils ne manqueront pas de chauffer les esprits et de multiplier les diatribes parmi les anthropologues, sociologues, psychanalystes, philosophes, moralistes et autres gens de l'art. La matière est également brûlante pour le non-spécialiste, non seulement parce que, d'une manière ou d'une autre, on est toujours le parent de quelqu'un, mais, surtout, parce que les métamorphoses de la parenté ne semblent pas avoir épuisé toutes leurs possibilités. Aussi, comme le suggère Godelier, la famille homoparentale avec son désir d'enfant et sa volonté de transmission, loin d'être une aberration et de dynamiter la norme sociale, vient-elle paradoxalement la conforter.
Chez les Baruya, une société de la Nouvelle-Guinée que Maurice Godelier a longtemps étudiée, les femmes ne sont que des mères porteuses, car la fabrication des enfants revient exclusivement aux hommes, avec un coup de patte final du