Derrière un titre aux accents proustiens, se cache l'idée qui court tout au long de l'ouvrage : l'épanouissement des femmes, qu'on le nomme émancipation, liberté ou égalité, incontestable révolution des rapports de sexes au cours du XXe siècle, aurait fait de l'ombre aux hommes. Détrôné de sa supériorité séculaire, le masculin, en perte de repères, s'est vu contraint de se redéfinir ; travail de Sisyphe car chaque modification de la place et du rôle des femmes dans la société a brouillé, de nouveau, les frontières de sexes, et donc l'identité masculine. C'est ce parcours chaotique, cette histoire d'une redéfinition permanente des genres, qu'André Rauch veut ici analyser, dans la lignée de ses précédentes études sur le masculin.
Il identifie trois périodes : l'entre-deux-guerres d'abord, durant laquelle l'ancien poilu tente, vainement, de «réinscrire sa domination sur la nouvelle société», de «maîtriser son territoire et ses responsabilités», puis les lendemains de la Seconde Guerre mondiale où l'accès des femmes à la pleine citoyenneté et au marché du travail, bientôt élargi par les Trente Glorieuses, déplace les enjeux traditionnels et ébranle la domination masculine, enfin, les années soixante qui s'achèvent par «l'émancipation des femmes de la tutelle paternelle et conjugale» et par leur mainmise sur la procréation, véritable séisme ; désormais, souligne l'auteur, «les hommes ne pourront plus déduire du genre inscrit sur leur carte d'identité un privilège acquis ou une sup