Un aveugle avance, les bras tendus, ses deux mains aux doigts écartés tentant, tâtant le vide, de le domestiquer. Depuis quelques ouvrages (entre autres l'Immense solitude et Nervosité générale) et quelques années (1999 et suivantes), Frédéric Pajak est cet aveugle qui, d'une main dessine, de l'autre écrit, et qui, dans le noir, comme tous les aveugles, y voit mieux que nous. Malvoyant mais très regardant. Et ambidextre à sa façon : ce qu'il écrit peut se regarder et ce qu'il dessine, se lire. A supposer que ses livres hantés nous ait jamais quittés, le revoilà avec Mélancolie. C'est le titre du livre alors que ça pourrait en être le commentaire. Ou un label générique pour l'ensemble de l'oeuvre de Pajak, qui agit comme une sorte d'éternel retour. Impossible de parler d'un «nouveau Pajak» parce que, de nouveau, ça recommence. «Comme d'habitude» par une virée en Italie, obsessionnelle au point que le titre du livre et son dos sont aux couleurs vert, blanc, rouge du drapeau national. «L'Italie est née en moi, comme un problème», écrit Pajak. Et de nous pousser dans le lac glacé d'une belle histoire d'amour entre Dalida et le chanteur Luigi Tenco en janvier 1967 au Festival de la chanson italienne de San Remo. «Ciao amore, ciao», chantait Dalida, sans savoir que c'était vrai. Suivent quelques autres anecdotes philosophiques de cette espèce enchantée, comme on dit d'une forêt qu'elle l'est, où il est tout à fait licite de tracer son propre chemin, tout en concédant que dans ce l
Critique
Les sept boules de Pajak
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par Gérard Lefort
publié le 18 novembre 2004 à 3h03
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