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Notes des traducteurs.

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Quelque 250 polyglottes étaient réunis en congrès à Arles et par grand vent. Comment dit-on mistral en javanais?
publié le 18 novembre 2004 à 3h03

Arles envoyée spéciale

«Asa sem paz (aro), migrante...». Une dame au premier rang pense qu'il faut traduire par «aile sans paix», mais que faire du jeu de mots «paz (aro)» ? Max, présenté comme «lusophone et lacanien», propose : «aile t (rou) ble...»... ce qui provoque une admiration perplexe chez ses camarades. Patrick Quillier, l'animateur de l'atelier, continue : comment garder la rime entre «os meus» (les miens) et «as meias» (les chaussettes) ? Faut-il trancher du côté du signifiant ou du signifié ? Triptico nomada, le poème du Brésilien Antonio Franco Alexandre, est un bon exemple de texte intraduisible, et c'est le genre de choses qui fait le régal des traducteurs de l'ATLF (Association des traducteurs littéraires de France). Comme chaque année, 250 d'entre eux étaient réunis le week-end dernier pour leurs assises (dites ATLAS : Assises de la traduction littéraire en Arles). En plus des ateliers de traduction et d'écriture, des lectures et tables rondes, il y avait cette fois un mistral qui avait pris la force d'un ouragan, et c'est sans doute à cette tempête ininterrompue pendant deux jours qu'on doit les interventions lexicographico-poétiques de plusieurs des intervenants. Claude Bleton, traducteur d'espagnol et directeur du CITL (Collège international de traducteurs littéraires), a, dans un moment de folie, cherché les définitions du mot «vent» (dont l'intéressant «déplacement horizontal de l'air») dans tous les dictionnaires qui lui sont tombés sous la main ; quant