Ce livre s'intitule la Greffe, mais son sujet est la greffe de moelle osseuse, on pourrait aussi bien dire la greffe de sang, puisque la moelle contient les cellules qui deviendront globules rouges, globules blancs et plaquettes. À la différence d'un organe (rein, cœur…), qui a une localisation fixe et limitée, le sang circule, il irrigue chaque point du corps. La question de l'identité, jamais absente des greffes d'organes (le philosophe Jean-Luc Nancy, greffé cardiaque, parlait dans l'Intrus (Galilée) du «double, à l'intérieur de lui»), se pose avec encore plus d'évidence dans la greffe de moelle, précisément parce que le sang est intimement mêlé à la totalité du corps. Les auteurs de la Greffe, entre biologie et psychanalyse sont Jean-Pierre Jouet, hématologue, fondateur de l'unité de greffe de moelle osseuse au Centre hospitalier régional et universitaire de Lille, et Jacques Ascher, psychanalyste, qui a travaillé dix ans dans ce service. Leur livre tourne autour d'une question troublante : qu'est-ce qui change dans l'identité psychique quand l'identité biologique est modifiée par la médecine ?
La greffe de moelle est un des traitements de la leucémie. Elle guérit un malade sur deux, mais provoque le décès de 15 à 20 % des receveurs, notamment lorsque le greffon attaque le greffé. Comme dans les autres greffes, il faut trouver un donneur compatible ; à la différence des autres greffes, il s'agit d'un donneur vivant qu'on recherche d'abo