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Libération
Critique

Mongolie intérieure.

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D'un voyage en Mongolie, le Brésilien Bernardo Carvalho a tiré un roman en abyme où chacun cherche son moi.
publié le 25 novembre 2004 à 3h09

Pourquoi va-t-on en Mongolie ? Parce que c'est ailleurs : là où nous ne sommes pas. Tout y est vert, invivable, sans limite, saturé d'alcool, de vide, de ciel, de gras de mouton peu digestible et de thé au lait salé. Rien ne prédisposait le Brésilien Bernardo Carvalho à s'y rendre, pas même un livre. Rien, si ce n'est le goût du désert et la recherche de situations où ses préjugés et ses angoisses auraient toutes chances de s'imposer. Voyager, c'est dépayser son malaise ; écrire, c'est le constater. Mongolia est la conclusion romanesque d'un voyage plein de grâce et de résistance effectué à l'été 2002 dans cet au-delà du monde.

C'est l'histoire d'un homme, qui part à la recherche d'un homme, qui part à la recherche d'un homme. Au départ, tout est déjà fini. Un diplomate brésilien apprend qu'un ancien subordonné, en poste avec lui à Pékin quelques années plus tôt, a été tué dans une favela à 42 ans (l'âge de Carvalho au moment où il effectue son voyage). Il a conservé les affaires que le mort avait laissées en quittant la Chine. Il y découvre son journal de voyage en Mongolie. Le diplomate l'avait envoyé là-bas contre son gré, pour retrouver un autre Brésilien, plus jeune, disparu dans l'Altaï à l'entrée de l'hiver.

Sur place, les Mongols appellent le premier «l'Occidental». Quant au disparu, ils l'ont baptisé «le disparu» ou «l'inadapté». «L'Occidental» tombe lui-même assez vite sur le journal que tenait le jeune homme qu'il recherche. Le roman mélange dès lors trois textes, c