Les traites négrières, et à travers elles l'esclavage, constituent l'une des questions les plus sensibles auxquelles l'historien d'aujourd'hui ait à se confronter. Parce qu'il peut influencer l'établissement des responsabilités certains pays africains exigent aujourd'hui des réparations , ses analyses de ce terrifiant drame humain prennent une importance particulière. Or, cette historiographie a été largement renouvelée ces dernières années, en particulier grâce aux recherches anglo-saxonnes, rompant en particulier avec l'intérêt presque exclusif accordé aux esclavages américains. Le grand mérite du livre d'Olivier Pétré-Grenouilleau, véritable somme sur le sujet, est de faire une présentation critique très complète de ces travaux récents, sans chercher à esquiver les dossiers épineux ou les sujets qui fâchent. Il s'attache ainsi à comprendre la traite de ses débuts jusqu'à son abolition, cherchant à tenir ensemble à la fois les traites européennes, orientales et africaines, objectif difficile car les sources sont beaucoup plus nombreuses pour la première que pour les deux autres.
Les trafics négriers européens (d'abord anglais et français) sont aujourd'hui assez bien connus, mieux que la plupart des autres grandes migrations de l'histoire. En 1999, une recherche recensait les 27 233 expéditions négrières réalisées entre 1595 et 1866. On estime que plus de onze millions de captifs furent déportés par les traites atlantiques, dont plus du dixième moururent lors de la traver