Dès le livre Premier des Métamorphoses, Ovide conte le mythe de Daphné, la nymphe transformée en laurier pour échapper aux assauts amoureux d'Apollon, le dieu «dont le pouvoir des plantes est soumis à (la) loi». Deux mille ans plus tard, un artiste italien (1) conçoit une salle en forme de mausolée aux murs couverts de balles de feuilles de laurier séchées. Quand les grands prêtres de la XIXe dynastie ensevelissent, en 1124 avant J.-C., le pharaon Ramsès II, ils ornent sa momie de guirlandes de pétales séchées de nymphéas. Trois mille ans après, le botaniste Schweinfurth les recueille après l'ouverture du sarcophage et fait don, en 1884, au Muséum de Paris, de ces «herbiers pharaoniques», les plus vieilles fleurs séchées à nous être jamais parvenues intactes.
Un autre peintre célèbre, français celui-là, a, dans son appartement du XXe arrondissement, créé son musée privé, où il a ouvert une salle des Herbiers pour y exposer ses toiles d'huile, gouache, pastel et plantes séchées (2). Il voit dans le goût pour les feuilles et fleurs mortes une de ces «pratiques de l'amateur» qui «sent un peu la poussière et le goût des regrets et du temps qui passe». Qui ne se souvient d'avoir pressé et séché entre les pages d'un livre un edelweiss cueilli lors d'une promenade dans les alpages ? Peut-être même d'avoir commencé un herbier, à la manière de Rousseau qui, exilé sur l'île Saint-Pierre au milieu du lac de Bienne, raconte, dans la Cinquième des Rêveries du promeneur solitaire, s'être «