Daniel Widlöcher, psychanalyste, président de l'Association internationale de psychanalyse:
«Une éthique de l'esprit et de la lucidité»
Voyez-vous émerger des recherches intéressantes ?
Les travaux sur le rêve, dont ceux de Mark Solms. S'il se confirme que le rêve est très activé par des structures motivationnelles, il est évident que c'est très intéressant pour la théorie freudienne. Ce que je vais dire est très spéculatif, mais on pourrait imaginer que les activités neurologiques non conscientes fabriquant de la pensée de rêve pourraient aussi fonctionner à l'état diurne chez chacun de nous. Cela me ferait évidemment reconsidérer la manière dont, en tant que praticien, je vois l'inconscient psychanalytique.
Certains réfléchissent à la manière dont la parole agit sur le cerveau.
Quand, dans une séance de psychothérapie, on dit quelque chose au patient, il est évident que son cerveau n'est plus le même ensuite. C'est une conviction qu'on doit avoir, mais cette conviction ne nous mène pas à un changement dans notre pratique. Imaginez maintenant quelqu'un qui a tiré profit d'une psychanalyse sur tel point de son fonctionnement psychique. Un jour peut-être, on pourra en trouver trace dans son cerveau, mais ce n'est pas pour tout de suite. En se dépêchant trop, on aboutirait à des conclusions simplistes. Mais si quelqu'un, après deux ans de psychothérapie analytique, dit «je me sens beaucoup mieux», il est probable qu'il y a dans son cerveau des indices de cela, quelque chose de beau