La confusion était typique. Au Festival America à Vincennes, cet automne, lors d'une table ronde sur la littérature du Sud, on l'a pris pour un Texan. Jim Lewis est un grand gaillard, costaud, aux allures d'ours, qui fume cigarette sur cigarette. Né en 1963 à Cleveland dans l'Ohio, il a grandi et vécu la majeure partie de son existence à New York. Cela ne fait que deux ans qu'il s'est installé à Austin au Texas. «Avec mon précédent livre, Quand on aime son bourreau, sourit-il, on était surpris qu'un type comme moi parle à la première personne, dans la peau d'une jeune femme.» Se méfier des apparences : s'il paraît relativement peu enclin à la théorie pendant l'entretien, l'homme a fait sept ans de philo, avec une spécialisation en logique, dans les universités de Brown et de Columbia, où il croisa Eugenides et Moody. Question identité, il se définit «pour simplifier» comme «juif new-yorkais». Il reconnaît dans l'appellation de l'ironie, une forme d'agressivité et surtout de la «bookishness», cette culture dans laquelle il baigna enfant : «Avec un père journaliste et une mère bibliothécaire, à la maison on croulait sous les livres.»
Il en est de l'auteur comme de ses oeuvres. A propos de Quand on aime son bourreau (Balland, 2003, disponible en «Points» Seuil), il n'apprécie guère le label «road story», même s'il s'agit d'une héroïne qui prend le volant pour nous conduire dans la noirceur de sa propre histoire. Ainsi l'admirateur de Proust et de Melville («le Grand Escroc est u