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Critique

Le clan du Cilicien

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La collection complète des fragments de Chrysippe, «deuxième fondateur» du stoïcisme. Une première française.
publié le 6 janvier 2005 à 23h27

Sans doute n'est-ce qu'une légende, mais elle a le mérite de rendre le personnage sympathique : il serait mort pour être allé un peu fort sur le vin doux, ou pour n'avoir su arrêter, devant un âne qui lui mangeait ses figues, une crise de fou rire. Il aurait quitté ce monde durant la 143e olympiade, vers 206, à l'âge de 73 ou de 81 ans. De sa vie, on ne sait pas grand-chose. Il est originaire de Tarse ou de Soles, en Cilicie (sud de la Turquie) ­ cela lui vaudra quelques lazzis xénophobes de la part des Athéniens de souche, qui supportaient mal de recevoir des leçons de dialectique d'un «oriental» ­ et se fait probablement connaître, d'abord, comme coureur de fond. Il serait venu à la philosophie, activité peu coûteuse, parce que le trésor royal lui aurait confisqué son héritage paternel, ou bien parce qu'il aurait été ébloui par les cours de Zénon et de Cléanthe. Devenu maître à son tour, il fait école, non sous le Portique, comme Zénon, mais plutôt à l'Odéon ou en plein air, au Lycée. Diogène Laërce rapporte qu'il aurait écrit à lui seul sept cent cinq livres.

Chrysippe est le plus célèbre philosophe du stoïcisme antique. Mais cela est peu parlant. D'une part parce que ce premier stoïcisme a été constamment dévalué, jusqu'à devenir au XIXe siècle objet de dérision. D'autre part parce que la notoriété de Chrysippe, Zénon de Kition ou Cléanthe a été éclipsée par celle des représentants du «nouveau stoïcisme» romain, Sénèque, Epictète et l'empereur Marc-Aurèle. La redécouverte