Dans un texte des Outils, recueil paru aux éditions POL, comme ses douze autres livres, Leslie Kaplan écrit : «La phrase la plus politique pour moi en tant qu'écrivain : celle de Franz Kafka, Journal, 27 janvier 1922, qui parle de la littérature comme un "bond hors du rang des meurtriers".» Elle en fait le commentaire dans le Psychanalyste (1999) : le bond, le saut, est la métaphore d'une libération, ce par quoi on échappe à la répétition mortifère (voir ci-contre). Ce n'est pas une découverte récente, plutôt une prise de conscience entamée avec l'écriture de l'Excès-l'usine, le premier livre, paru en 1982 et réédité en 1987, accompagné d'un entretien avec Marguerite Duras (et la réédition fut saluée par un texte de Maurice Blanchot dans Libération). Duras dit «que l'usine, le lieu décrété sacré du prolétariat, est celui de sa sépulture». Leslie Kaplan, pour sa part, explique que «l'usine c'est un lieu où les différences n'engendrent pas de différence», un espace rilkéen (d'où l'intérêt de Blanchot) où garder les yeux ouverts, mais les yeux ouverts sur la mort, ce qui annule la possibilité d'y voir clair. Le livre lui-même, par une succession de «cercles», s'approche de ce phénomène-là, ne se contentant pas de suggérer l'effet répétitif du travail à la chaîne. Leslie Kaplan explique, toujours dans cet entretien avec Marguerite Duras, «qu'il faut pouvoir faire un pas de côté, oui, vraiment un pas de côté, pour pouvoir en dire quelque chose». La réappropriation après la déposs
Saut de mai
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publié le 6 janvier 2005 à 23h27
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