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Libération
Critique

Un Potocki plein de tiroirs

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Deux biographies bien documentées en apprennent beaucoup sur le personnage, mais peu sur l'auteur du plus magique des romans en abyme.
publié le 6 janvier 2005 à 23h27

L'amateur de Potocki est comblé. Le monument de François Rosset et Dominique Triaire, presque aussi épais que le Manuscrit trouvé à Saragosse lui-même (1), témoigne de longues années de recherche sur l'auteur polonais qui a donné à la littérature francophone l'un de ses plus grands romans. Jean Potocki, voyage lointain d'Aleksandra Kroh, est, d'autre part, l'entreprise d'une lectrice exigeante et passionnée.

Jean Potocki est né le 8 mars 1761 en Ukraine. Il appartient à l'une des plus illustres familles de la noblesse polonaise. Il est éduqué en Suisse puis achève ses études à Vienne avant de servir dans l'armée autrichienne, où il participe à la guerre de Succession de Bavière, surnommée «la guerre des pommes de terre», tant le principal problème fut de nourrir les troupes. Potocki fait aussi ses armes en Méditerranée où il rejoint l'ordre des chevaliers de Malte puis entame une longue série de voyages avec la découverte de l'Afrique, du Maroc, de l'Espagne et de l'Italie. Il visite l'Egypte et laisse la marque de son passage dans le calcaire des pyramides avant l'expédition de Bonaparte. Son premier mariage le voit s'installer à Paris où sa mère et sa belle-mère fréquentent la haute société. Il se lie avec madame de Staël. Mais c'est au moment où la Prusse fomente une invasion de la Pologne que le comte Jean va devenir populaire. Il revêt l'habit traditionnel sarmate et milite pour la liberté. Elu nonce de Poznanie, il fonde une imprimerie et publie le Journal hebdomadaire