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Libération

Le club des suicideurs.

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publié le 20 janvier 2005 à 23h48

Une vie sans rêves, sans horizon, sans issue. Une lettre d'adieu. Un suicide. Et puis maintenant un livre qui réunit un best-of de ces lettres ultimes. L'ouvrage, qui a pour titre Ich möchte jetz schließen (Je souhaite en finir), vient de faire un joli succès d'édition en Allemagne. L'auteur, Udo Grashoff, est historien de la médecine. Il dit avoir voulu ouvrir un débat public sur le suicide. Au Spiegel, Grashoff a déclaré : «Le suicide n'est ni honorable ni scandaleux, c'est quelque chose qui arrive dans notre société plusieurs milliers de fois par an». Voilà c'est tout, c'est comme ça. Chaque cas est évidemment singulier. Comme celui de cette femme qui écrit à son mari, avant de tuer ses trois enfants et de se supprimer : «Je commets cet acte afin de te ramener à la raison. J'espère que tu le comprendras». Nul suicidant ne perd de vue le côté dramatique de son geste, bien qu'ici le mode d'expression semble foncièrement inadapté à l'objectif poursuivi. L'éditeur d'un ouvrage sur le suicide sait bien, lui aussi, qu'il entre en territoire incertain. On se souvient des aventures de Suicide, mode d'emploi, paru en 1982 et vendu à plus de 100 000 exemplaires, avant d'être retiré du commerce par décision de justice. Aujourd'hui, c'est-à-dire à une époque où l'on peut trouver sur le Web de quoi se tuer mille fois, le livre reste prohibé. Ce qui a pour principal effet de faire grimper de manière ahurissante le prix des exemplaires d'occasion qui circulent encore. Sur le site de tel