C’est un roman d’aventure linguistique, c’est-à-dire que la langue en est l’héroïne principale. Le narrateur brésilien se retrouve à Budapest, on sait comme les compagnies aériennes sont coutumières de ces détournements, et il s’avère qu’à la télévision hongroise on parle hongrois, «la seule langue au monde, disent les mauvaises langues, que le diable respecte». José Costa est un nègre, qui rédige anonymement des discours pour des hommes politiques ou des autobiographies pour des clients un peu fats. Il s’attelle à apprendre le hongrois, tâche facilitée par la présence, parfois, de sous-titres à la télévision, du genre : «ö az alom elötti talajon tancol». Mais c’est très difficile et on revient souvent en arrière. «J’ai été chercher les mots hongrois dans ma tête et je n’ai retrouvé que Lufthansa.» C’est un roman d’aventure aventureux, pas du fait de l’auteur qui parvient merveilleusement à ses fins que de celui du personnage sur qui s’abattent perpétuellement des flopées d’aléas. C’est pour sa propre défense que le narrateur écrit la première phrase qu’on retrouvera à l’avant-dernière page : «On devrait interdire de se gausser de qui s’aventure dans une langue étrangère.» José Costa dit en hongrois «Je presque arrive» et ça flanque le fou rire à son interlocutrice. «Elle a fini par me dire qu’elle avait compris que j’arriverais petit à petit, d’abord le nez, puis une oreille, puis un genou, une plaisanterie que je n’ai pas trouvée tellement drôle.» Tout le livre est conçu d
Chico Buarque «pléhek, pléhek»
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par Mathieu Lindon
publié le 10 février 2005 à 0h28
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