Le magazine spécialisé Livres Hebdo a récemment publié son dossier sur les meilleures ventes de l'année écoulée. Ces quinze pages nourries de tableaux et de commentaires sont bien plus qu'un rendez-vous attendu par la profession : elles forment le creuset d'un authentique moment de bonheur. Car, après douze longs mois de lecture pendant lesquels nous nous sommes posé la question du quoi et parfois même du comment, apportant à ceci et à cela des réponses plus ou moins pertinentes au prix de furieux efforts, voici enfin venu l'instant épatant du combien.
Soudain, tout est simple. Titeuf ? 835 200 exemplaires. Combien de titres se sont vendus à plus de 300 000 ? Ils furent huit, dont cinq recueils de BD. Combien d'essais ou de documents à plus de 200 000 ? Aucun. Bref, toutes les questions idiotes trouvent une réponse immédiate, indiscutable. Il n'y a plus de souffrance. Ne subsistent que des chiffres, inoffensifs et tous compris entre 0 et 9 car piochés dans ce système de numération à base dix qui fait ses preuves depuis tant de siècles. Un soleil se lève qui rosit le fronton des palais : le marché triomphe.Bien sûr, il est permis de chipoter. Les tableaux mêlent des livres sortis en janvier et d'autres en novembre, des ouvrages qui ont fini leur carrière et d'autres qui la commencent. Ces classements n'ont donc pas grand sens. Est-ce si grave ? Les hit-parades sont faits pour qu'on aille y pêcher de bonnes nouvelles, et ici il y en a plein. En premier lieu, se réjouit Livres H