En 1954, Jean Malaurie a 32 ans. Il est revenu depuis deux ans de son troisième séjour au Groenland. Au retour d'une balade au Luxembourg avec sa femme Monique, il débarque, sans rendez-vous, chez Plon (éditeur notamment de «l'un des héros de sa vie : l'ethnologue dano-esquimau Knud Rasmussen») et propose au directeur littéraire, Charles Orengo, qu'il n'a jamais vu de sa vie, à la fois un livre et une collection. Un an plus tard, en 1955, paraît chez Plon les Derniers Rois de Thulé. C'est le premier livre de Malaurie, et le premier ouvrage de sa collection «Terre humaine». Le deuxième, publié la même année, est Tristes Tropiques, de Claude Lévi-Strauss. Aujourd'hui, en 2005, «Terre humaine» fête son 50e anniversaire. Cette collection, qu'on peut définir de manière très large comme une collection d'ethnologie, a publié quelques-uns des plus beaux, des plus improbables et des plus forts textes du XXe siècle. En dehors des Derniers Rois de Thulé et de Tristes Tropiques, on pourrait aussi citer : Soleil hopi (Talyesava, 1959), L'exotique est quotidien (Georges Condominas, 1966), Chronique des Indiens guayaki (Pierre Clastres, 1972), le Cheval d'orgueil (Pierre Jakez Hélias, 1975), les Arabes des marais (Wilfred Thesiger, 1983), les Iks (Colin Turnbull, 1987), les Lances du crépuscule (Philippe Descola, 1994), les Naufragés, avec les clochards de Paris (Patrick Declerck, 2001), Moi, Armand, né sourd et muet (Amand Pelletier et Yves Delaporte, 2002)... Une très grande partie des l
Critique
Les dévoreurs de Terre humaine
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publié le 10 février 2005 à 0h29
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