Plus s'éloignait la date du retour et plus les rescapés sentaient le besoin de se prouver à eux-mêmes qu'ils avaient bien existé avant d'être passé par Auschwitz ou dans les autres camps sans y avoir été engloutis comme s'ils cherchaient le droit à revivre puisqu'ils avaient déjà été vivants. Primo Levi (1919-1987) n'a pas failli à cette règle, en faisant précéder la seconde édition de Si c'est un homme de quelques traits autobiographiques d'avant l'enfer. On y apprenait qu'il avait mené des études (brillantes) de chimie et que, à vingt-quatre ans, il avait pris la route de la montagne avec quelques amis pour essayer de constituer un groupe de partisans. Hélas, jeunes, inexpérimentés, sans armes et sans argent, ils avaient été vite cueillis par la Milice fasciste avant même qu'ils ne bougent. Croyant mieux s'en sortir et éloigner de lui les suspicions politiques, Primo Levi s'était déclaré «italien de race juive», ce qui lui avait valu d'être immédiatement envoyé dans le centre de rétention de juifs à Fossoli, en Emilie-Romagne, avant d'être déporté vers d'Europe centrale. A Monowitz, l'une des nombreuses sections d'Auschwitz, Primo Levi devient le numéro de matricule 174517. Toujours sur les origines, mais de l'écriture cette fois, on pensait généralement qu'aucun texte n'avait précédé Si c'est un homme, hors quelques sonnets et poèmes. C'est inexact, comme le montre la traduction du Rapport sur Auschwitz, inédit en France mais bien connu en Italie ce que l'on peut véri
Critique
Si c'est Auschwitz.
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publié le 10 février 2005 à 0h29
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