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Libération
Critique

Staalesen, de plus en pluvieux

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Le détective inventé par le Norvégien Gunnar Staalesen ne passe pas à travers les gouttes.
publié le 10 février 2005 à 0h29

A sa maison d'édition française qui cherchait un slogan pour définir son héros, Gunnar Staalesen avait suggéré : «Varg Veum, détective privé au pays des ours blancs.» L'accroche ne fut pas utilisée, en partie parce que, Staalesen le reconnaît volontiers, il y a fort peu d'ours blancs en Norvège, et que le nombre de détectives n'y est guère plus élevé. Mais les auteurs de polars, en revanche, abondent. Outre Staalesen, bien connu dans son pays, on peut citer (parmi ceux traduits en français) Karin Fossum, Anne Holt, Pernille Rygg, Fredrik Skagen, Jo Nesbø. Pour une contrée de quatre millions et demi d'habitants, ça fait beaucoup. Ces écrivains ne se ressemblent pas, bien sûr, mais ils partagent la même manie de décrire ces paysages abrupts noyés dans les rudesses du grand Nord, et de décortiquer cette social-démocratie soi-disant exemplaire mais incapable de faire face aux mutations de l'époque.

Selon l'analyse avancée dans la revue danoise Nordisk Litteratur, en 2001, cette raideur un peu désabusée serait liée au fait que la Scandinavie représente la conscience (puritaine) du monde : dans cette région qu'on associe à Kierkegaad, Ibsen, Bergman, où l'on est profondément anxieux et consciencieux, les détectives boivent et fument beaucoup trop. Peut-être parce qu'ils se rendent compte que quelque chose est vraiment pourri au royaume de la prospérité nordique.

Gunnar Staalesen, 58 ans, correspond en partie à la description. Raide. Légèrement désabusé. Mais doté d'un humour qui lui