«Le patron du Crédit a voyagé n'aime pas les formules toutes faites du genre "En Afrique quand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle", et lorsqu'il entend ce cliché (...) il lance aussitôt: "Ça dépend de quel vieillard, arrêtez donc vos conneries, je n'ai confiance qu'en ce qui est écrit"», dit Alain Mabanckou dans son roman Verre Cassé (Seuil, 2005). L'autre cliché serait de penser qu'il y a une littérature africaine. En revanche, à écouter les écrivains présents au festival Etonnants Voyageurs, qu'ils soient originaires du Togo, du Mali ou de Guinée, on comprend qu'ils ont une chose en commun : les conditions matérielles et culturelles dans lesquels ils écrivent.
Théo Ananissoh (Lisahohé, «Continents noirs» Gallimard, 2005). Né en 1962 au Togo, il vit aujourd'hui en Allemagne, où il enseigne la littérature francophone. Petit garçon, il passait parfois la nuit dans la boulangerie de son père, où le mitron lui racontait des histoires tirées d'un livre de Senghor. Plus tard, comme presque tous ses collègues, c'est au Centre culturel français qu'il découvrira le Club des cinq, Gorki et la littérature africaine. Il se souvient aussi de cet ami qui «venait de lire l'Assommoir, il ne pouvait pas croire qu'une telle misère existait en France». Ananissoh a publié des nouvelles à Lomé, mais c'est en Allemagne qu'il s'est vraiment mis à écrire. «Si tant d'entre nous, écrivains africains, restons en Europe, c'est qu'on a du temps et de l'espace pour les activités individ